Libérer nos récits
Claire Baum
Naissance
1936 à Rotterdam (Pays-Bas)
Expérience de survie
En clandestinité à Rotterdam (Pays-Bas)
Libération
Le 5 mai 1945 à Rotterdam (Pays-Bas)
Libérateurs
Armée canadienne
Séparées de leur mère et de leur père, Claire Baum et sa sœur, Ollie, ont passé deux ans en clandestinité à Rotterdam chez Tante Nel, qui faisait figure de parent pour les fillettes. Celles-ci ont dû dissimuler qu'elles étaient juives et que leur maman et leur papa leur manquaient. En septembre 1944, les forces alliées sont arrivées aux Pays-Bas. Cependant, l’embargo allemand sur la circulation de denrées aux Pays-Bas a obligé Claire, Ollie et Tante Nel à endurer tout un hiver avec à peine de quoi manger. Combien de temps les deux jeunes filles devraient-elles encore attendre avant d’être enfin libérées?
Finalement, le 5 mai 1945, nous avons été libérés par l’armée canadienne. Quelle joie extraordinaire de voir les soldats canadiens dans leurs Jeeps à Rotterdam! Nos amis se sont précipités chez nous en criant : « La guerre est finie! La guerre est finie! » Ils sautaient, s’étreignaient, laissaient éclater leur joie. Quand ils ont annoncé qu’ils allaient demander aux Canadiens s’ils pouvaient monter dans une Jeep, tante Nel nous a autorisées à les accompagner, car elle savait que nous ne courions aucun danger. En rentrant, nous avons expliqué à tante Nel que non seulement nous nous étions assises dans une Jeep, mais que les soldats nous avaient aussi donné du chocolat et de la gomme à mâcher. Ils nous avaient même prises en photo. Ce jour a été le plus mémorable et le plus excitant de notre jeune vie!
Et quand nous avons levé les yeux au ciel, nous avons vu des avions de toutes sortes qui larguaient des paquets. C’étaient des colis de nourriture! Nous avons mangé notre premier morceau de pain depuis une éternité. Quel délice! Tante Nel a qualifié ces vivres de « manne tombée du ciel » dont l’apparition tenait du miracle.
La guerre est finie! La guerre est finie!
En 1951, Claire et sa famille se sont installés au Canada, pays dont l'armée l'avait libérée. Elle avait effacé de sa mémoire les souvenirs de sa vie en clandestinité jusqu’à ce qu’elle reçoive, ce jour de 1984, un colis envoyé par une femme de Rotterdam, dont la mère habitait la maison où les parents de Claire s’étaient cachés pendant la guerre. Ce que Claire a découvert à l'intérieur du paquet a fait ressurgir tous les souvenirs longtemps enfouis qu'elle estimait nécessaire de partager.
Le passé a ressurgi, avec ses souvenirs oubliés depuis longtemps. Les lettres, les photographies et les dessins témoignaient de moments parfois heureux, parfois tristes, lorsqu’Ollie et moi vivions cachées et séparées de Mam et Pap. Ce paquet représentait notre « journal » de 1942 à 1945.
J’ai finalement réussi à combler les trous de ma mémoire, ce qui m’a permis d’écrire l’histoire de notre survie en clandestinité durant la Seconde Guerre mondiale. Malgré mon désir d’oublier cette époque, je savais que je devais au contraire m’en souvenir, car Ollie et moi, qui n’étions alors que des enfants innocentes, ne tenions pas la place d’héroïnes de notre histoire. Il fallait impérativement la raconter parce que nous devions la vie à des gens extraordinaires : à nos parents, à des membres de la Résistance, à la famille Duchene, à l’armée canadienne, ainsi qu’à une femme hors du commun que nous appelions affectueusement Tante Nel, notre protectrice, notre mère de substitution.
Nous devions la vie à des gens extraordinaires.