Chapitre 2

Les camps nazis

Dans toute l’Europe, des Juifs ont été rassemblés dans des ghettos, des villes et des villages pour être transportés dans des wagons vers des destinations inconnues. Lorsque les Juifs à bord de ces trains arrivaient dans l’un des milliers de camps nazis répartis dans toute l’Europe, ils se rendaient alors compte de la véritable horreur qui les attendait.

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De jeunes enfants en vêtements d’hiver sortent d’un grand bâtiment en bois. Le sol est enneigé.

Des enfants survivants sortent de la baraque pour enfants du centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. Image tirée d’un film soviétique sur la libération d’Auschwitz-Birkenau. Certaines scènes du film n’ont pas été préparées, tandis que d’autres ont été mises en scène. Oświęcim (Pologne), 1945. Archives du United States Holocaust Memorial Museum, avec l’aimable autorisation de Lydia Chagoll.

Les Juifs et les autres prisonniers étaient contraints de vivre dans des conditions inhumaines, confrontés à la faim et à la maladie, et de subir la violence brutale des responsables. Des assassinats de masse ont eu lieu dans les camps les plus terribles, soit les centres de mise à mort. Dans ces centres, la plupart des enfants étaient tués dès leur arrivée. Ceux que les nazis jugeaient assez forts pour travailler étaient souvent soumis aux travaux forcés.

Il nous paraît impensable que quiconque puisse apprendre et étudier dans de telles conditions. Pourtant, à de très rares occasions, des jeunes juifs y sont parvenus.

Avec courage et détermination, les enseignants de plusieurs camps sont parvenus à aménager des salles de classe et des bibliothèques, ou à enseigner clandestinement. Des prisonniers se racontaient des histoires entre eux, et le fait de partager leurs traditions, leurs connaissances et leurs compétences leur a permis de conserver une part de leur humanité.

Les récits suivants nous donnent un aperçu des rares possibilités de s’instruire dans les camps.

L’arrivée à Auschwitz-Birkenau

« Dès notre descente de train, de puissants projecteurs ont été braqués sur nous. Après tant de jours passés dans l’obscurité, cette lumière intense nous aveuglait. L’ouverture des portes des wagons a donné lieu à une terrible confusion. Des chiens entraînés à l’attaque ont aussitôt montré les dents et nous ont sauté dessus en aboyant. Ma première pensée en débarquant du train a été : “Nous allons mourir ici.” J’ai remarqué une fumée noire et très épaisse. Quand j’étais encore à Užhorod, le jeune soldat allemand avait essayé de me mettre en garde contre la déportation, mais je ne l’avais pas cru. J’avais même entendu parler des chambres à gaz et des fours crématoires, mais je ne croyais pas à leur existence. Jusque-là, j’avais pensé pouvoir m’occuper de mes élèves, quelles que soient les circonstances : pouvoir subvenir à leurs besoins, pouvoir les protéger, empêcher qu’on leur fasse du mal. Au lieu de cela, nous allions tous à la mort. »

Le camp des familles tchèques

Le camp des familles tchèques a été créé en 1943 par les nazis à Auschwitz-Birkenau. Dans cette partie du camp où les membres des familles déportées de Theresienstadt n’avaient pas été séparés, plusieurs prisonniers ont créé un espace de jeu et d’apprentissage pour les enfants dans une baraque. Le camp des familles n’a cependant pas existé longtemps et, en juillet 1944, la plupart de ses occupants ont été assassinés.

« Il me faut dire un mot des héros parmi nous. […] Fredy [Hirsch] a réussi, je ne sais comment, à réveiller un reste d’émotion chez le Kommandant du camp et ainsi à obtenir que les jeunes enfants soient autorisés à passer les journées froides à l’intérieur. Les autorités ont permis qu’une baraque soit ouverte aux enfants de 15 ans et moins. Nous pouvions nous y asseoir sur des bancs en petits groupes ; nous pouvions jouer, lire et profiter d’un plus grand confort. Les garçons et les filles plus âgés, les madrikhim (chefs de la jeunesse), organisaient de petits groupes, jouaient à des jeux avec nous et nous racontaient des histoires. Nous jouions aux devinettes, faisions un peu d’exercice et chantions des chansons. Quelqu’un a apporté une balle de tennis dans le camp et nous, les garçons, nous nous répartissions en équipes pour jouer au football [soccer] tout au fond du camp. Même dans le camp de concentration, nous étions des enfants qui avaient gardé un certain esprit de jeu. »

Le saviez-vous ?

Tous les livres qui composaient la bibliothèque du camp des familles tchèques provenaient des effets personnels que les nazis avaient confisqués aux prisonniers à leur arrivée à Auschwitz-Birkenau. En guise de « crayons », les enfants utilisaient les extrémités des éclats de bois qui avaient été brûlés dans un feu.

Lecture

L’école clandestine de Buchenwald

02:10

David Newman a secrètement enseigné à des garçons dans les baraquements de Buchenwald.

Toronto Holocaust Museum.

Apprendre des autres à Auschwitz-Birkenau

« Un jour, je l’ai aperçu assis près de la cheminée en train de sculpter ses morceaux de bois. En m’approchant, j’ai découvert qu’il fabriquait des pièces rudimentaires du jeu d’échecs […] Les pièces n’étaient pas très belles, mais comme il les avait peintes en blanc ou en noir, je pouvais au moins les reconnaître. Une fois installés, nous avons fait une partie. Je n’ai pas très bien joué et, au bout de cinq minutes, il m’a dit que j’étais nul. Après lui avoir répondu que je faisais de mon mieux, je lui ai demandé de me donner quelques conseils. “Je ne suis pas professeur”, a-t-il déclaré avec mauvaise humeur […] Mais n’ayant aucun autre partenaire de jeu, il m’a rappelé quelques jours plus tard. J’y suis retourné, il a préparé l’échiquier et nous avons fait une autre partie. Il a alors admis à contrecœur que je m’améliorais un petit peu. »

Lecture

Une enseignante attachante du camp de travaux forcés de Sasel

01:39

Henia Reinhartz a retrouvé une enseignante qu’elle appréciait particulièrement dans le camp de travaux forcés de Sasel.

Toronto Holocaust Museum.

fiches

Qui étaient ces enseignants ?

Quel était le rôle des responsables de l’éducation dans les ghettos et les camps ? Cliquez sur « En savoir plus » pour obtenir des informations sur les courageux enseignants qui ont risqué leur vie pour stimuler l’esprit des jeunes Juifs et les soutenir pendant l’Holocauste.

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Chapitre 3

Entrer dans la clandestinité pour survivre

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