Chapitre 3

Entrer dans la clandestinité pour survivre

Certains enfants juifs ont réussi à échapper aux ghettos ou aux camps en entrant dans la clandestinité.

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Une vingtaine d’enfants et un adulte affichent de grands sourires. Certains sont juchés sur une structure en pierre, d’autres sont au sol.

Enfants dans un foyer géré par un réseau de sauvetage. Sèvres (France), 1944. United States Holocaust Memorial Museum, avec l’aimable autorisation d’Eva Tuchsnajder Lang.

Souvent séparés de leurs parents, ils se sont cachés dans des pièces secrètes, dans des forêts, sous des planchers ou même dans des abris souterrains. Certains enfants se sont servis de faux papiers pour dissimuler leur véritable identité. Certains ont été cachés par des particuliers, d’autres par des organisations de secours ou encore un village entier. Quels que soient leur refuge et la manière dont ils sont parvenus à se cacher, ils vivaient dans le danger et la peur en permanence.

Pour eux, la lecture et l’apprentissage sont devenus des moyens de passer le temps et de se distraire de leur situation. Dans certains cas, apprendre les rituels et les traditions de leurs sauveteurs a été la clé de leur survie.

Comment les enfants cachés ont-ils poursuivi leurs apprentissages ?

Apprendre à lire dans la clandestinité

« Nous avons passé beaucoup de temps assis, en silence, parce qu’il ne fallait pas qu’on nous entende. Nous devions faire très attention.

La grande question était de savoir quoi faire avec un enfant de 3 ans. Nous devions faire en sorte que ma cousine ne fasse pas de bruit ; c’est ainsi que nous avons commencé à lui apprendre à lire. Des mois durant, elle a prononcé des lettres et des mots – “ma”, “po”, “beh”, “bah” – en émettant des sons et en associant des lettres pour former des mots. Au moment de notre libération, Eva savait lire dans trois langues : le polonais, l’ukrainien et l’hébreu, et peut-être même un peu en russe. »

Le sauvetage des enfants juifs en France

En France, il existait un organisme d’assistance juif appelé l’Œuvre de secours aux enfants (OSE). L’OSE faisait partie d’un réseau d’organisations qui ont sauvé des milliers d’enfants juifs en France pendant l’Holocauste, en leur trouvant des endroits où se cacher.

Lecture

Ravaler ses larmes

01:30

René Goldman a caché son identité juive pour se mêler aux autres élèves du couvent.

Se sentir seule au couvent

« Peu m’importe d’être en retard : je me sens recluse dans mon coin avec le crucifix pour unique témoin […]

Je suis désemparée, je pleure toutes les larmes de mon corps. J’ai peur qu’on prenne à nouveau mon baigneur. Personne ne me défend. La maîtresse revient et m’appelle à son bureau. Elle me place dans un coin de la salle, le dos contre le mur, jusqu’à ce que je me calme. Je n’aime pas cette femme, elle est injuste ! C’est moi que l’on accuse, alors que je n’ai rien fait. C’est la première fois que je suis au piquet et c’est parce que j’ai eu le tort de garder mon baigneur. C’est tout ce qui me reste ! Eh bien, je vous déteste toutes ! »

L’école à la maison

« Comme nous n’avions pas l’autorisation de sortir pendant qu’il y avait école, notre maison est devenue notre salle de classe. Tante Nel nous apprenait à lire et à écrire, et son amie Eva nous enseignait l’arithmétique. Elles avaient beau nous encourager à étudier et à lire des livres, nous préférions souvent jouer […]

Nous ne pouvions pas sortir avant 16 heures, mais dès que l’école était finie, nous allions jouer dehors avec les enfants du voisinage. Nos amis étaient curieux de savoir où nous étions scolarisées, car ils ne nous voyaient jamais pendant la journée. Nous leur répondions que notre école se trouvait assez loin. Nous savions qu’il fallait faire semblant de fréquenter un établissement scolaire. Nous nous efforcions donc d’écouter attentivement ce que nos amis disaient avoir appris à l’école ce jour-là de façon à comparer notre journée à la leur. Ils croyaient vraiment que nous étions dans une autre école. »

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Apprendre à survivre dans un couvent

01:35

Le saviez-vous ?

Les personnes qui ont aidé des Juifs à se cacher pendant l’Holocauste l’ont souvent fait au péril de leur vie. Afin d’exprimer sa reconnaissance pour leur bravoure, Yad Vashem, l’Institut international pour la mémoire de la Shoah (l’Holocauste) à Jérusalem, a créé le programme des « Justes parmi les Nations ». Depuis son lancement en 1963, plus de

27 000

personnes se sont vu attribuer cette distinction. Les récipiendaires reçoivent une médaille et un certificat, et leurs noms sont inscrits sur le mémorial de Yad Vashem.

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