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Sur les sentiers de la guerre

Des activités clandestines

Un matin, tandis que je prenais mon café et mon petit pain dans la salle à manger de la pension, un milicien est venu me voir. Après s’être identifié, il m’a conseillé de ne pas quitter l’hôtel ce jour-là. J’étais très perplexe. Les pensées se bousculaient dans ma tête. Tentait-il de me piéger ? Quelles étaient ses motivations ? Disait-il la vérité ? J’ai répondu calmement que je ne voyais aucune raison de ne pas sortir. Et je suis effectivement sorti. Je n’avais pas parcouru plus de 80 mètres quand j’ai été arrêté et sommé de me diriger à un point de rassemblement où d’autres comme moi se trouvaient. Nous avons été menés par groupes à un cinéma situé tout près. On nous a alignés afin qu’un membre de la Milice puisse nous interroger. Il y avait des Juifs devant moi. Certains craignaient de présenter leurs faux papiers, d’autres ne pouvaient affronter l’interrogatoire. Dès que les miliciens se sont rendu compte qu’ils étaient Juifs, ils les ont assaillis. À coups de poing et de botte, ces brutes s’acharnaient sur leurs victimes. Plus ces dernières criaient pour supplier leurs assaillants d’arrêter, plus ils se montraient cruels et monstrueusement violents.

Puis mon tour est arrivé. Mon interrogatoire s’est déroulé dans le calme, mais les miliciens s’obstinaient à dire que je devais avoir un parent ou un grand-parent juif. J’ai semé le doute dans leurs esprits en niant fermement leurs accusations et en insistant sur l’authenticité de mes papiers. Ils m’ont mené avec plusieurs autres personnes dans un bus sous étroite surveillance. Le véhicule nous a ensuite conduits à une prison, où j’ai été enfermé dans une petite cellule. Tard le soir, un prêtre m’a rejoint dans ma cellule. Il s’est aussitôt montré amical et a commencé à maudire les miliciens. Il avait aussi de la nourriture et quand il m’en a offert, j’ai accepté, car j’avais très faim. Assis près de moi, il ne cessait de maudire nos bourreaux. Flairant une provocation, je les ai tout de suite défendus en affirmant qu’ils effectuaient simplement leur travail. Le prêtre a passé la nuit dans ma cellule, mais le lendemain matin, on l’en a sorti. J’ai été interrogé de nouveau, mais cette fois, sur la question des activités menées contre le régime de Vichy et l’occupant allemand. J’ai aussitôt composé mon personnage de garçon stupide, un rôle que j’avais très bien répété, et ils ont feint de s’intéresser à mon opinion sur le sujet. J’ai dû passer une autre nuit dans ma cellule, sans pour autant abandonner mon personnage.

Sur les sentiers de la guerre, Joseph Schwarzberg

Fuyant l’Allemagne nazie au lendemain de la Kristallnacht, le jeune Joseph Schwarzberg et sa famille trouvent refuge à Bruxelles en 1938. L’invasion de la Belgique par les Allemands en 1940 oblige toutefois les Schwarzberg à poursuivre leur exil en France. Ne parvenant pas à se soustraire à l’avancée des troupes allemandes, ils regagnent ensuite Bruxelles. À l’âge de 16 ans à peine, Joseph quitte les siens pour passer de nouveau en France, où, sous une fausse identité, il échappe aux nazis à plusieurs reprises et combat bravement au sein de la Résistance. Après la Libération, Joseph reprend les armes en Palestine sous mandat britannique, luttant de toutes ses forces pour préserver sa liberté.

Préface de Renée Poznanski

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En bref
Allemagne; France; Belgique
Kristallnacht
Fausse identité
Résistance
Documents datant de la guerre
Israël d’après-guerre
Immigration au Canada en 1968
Tranche d'âge recommandée
14+
Langue
Français

256 pages

À propos de l'auteur

Photo of Joseph Schwarzberg

Joseph Schwarzberg (1926–2022) est né à Leipzig (Allemagne). En 1945, lui et sa famille font partie de la première vague d’immigrants à se rendre légalement dans ce qui deviendra bientôt l’État d’Israël. Il immigre à Toronto en 1968, où il ouvre une fabrique de vêtements, Adina J. Fashions.

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