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Introduire l’Holocauste dans les classes de 6ᵉ, 7ᵉ et 8ᵉ année¹ : les thématiques à enseigner et celles à réserver pour les années scolaires subséquentes

Enseigner l’Holocauste à des élèves de 6e, 7e et 8e année peut constituer une expérience enrichissante lorsque vous utilisez des ressources éducatives adaptées à l’âge de vos élèves et intégrez des témoignages de survivants dans vos activités d’apprentissage. Cette approche permet aux jeunes d’acquérir des connaissances historiques ciblées et de développer une compréhension élargie et empathique de ce sujet important. Enseigner l’histoire de l’Holocauste est complexe et exige une attention toute particulière quant au choix du contenu des cours et à la façon de présenter celui-ci aux élèves. À cet égard, nous vous invitons à consulter ce billet de blogue dans lequel sont proposées des stratégies pour un enseignement de l’Holocauste tenant compte des traumatismes. Cela dit, même si vous adoptez les méthodes s’inscrivant dans cette approche, il vous faudra choisir parmi une multitude de thématiques celles qui conviennent le mieux au groupe d’âge auquel vous enseignez.

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Dans certaines provinces du Canada, l’enseignement de l’Holocauste figure désormais dans le programme-cadre d’études sociales et d’histoire de la 6e à la 8e année. Dans ces cas, il revient au personnel enseignant de choisir des ressources éducatives et des sujets appropriés à l’âge des élèves pour favoriser l’apprentissage. Puisque l’enseignement de l’Holocauste fait également partie des programmes d’études des années scolaires subséquentes, il n’incombe pas aux enseignants et enseignantes des 6e, 7e et 8e années de couvrir ce sujet de manière exhaustive (ce qui serait d’ailleurs impossible). De plus, le développement cognitif et social des élèves de ces niveaux scolaires ne leur permet pas encore d’appréhender aisément certains thèmes de l’Holocauste. Ainsi, vous vous posez peut-être les questions suivantes : Que devrions-nous enseigner aux élèves de 6e, 7e et 8e année ? Quelles thématiques devrions-nous réserver pour les années subséquentes ?   

Voici quelques conseils à ce sujet :


1. Fournissez à vos élèves une définition claire de l’Holocauste.

Ne présumez pas que les jeunes ont une connaissance préalable de ce qu’est l’Holocauste. Donnez à vos élèves une définition claire et complète en précisant les concepts clés qui s’y rapportent, tels que la chronologie des événements, le contexte géographique, les populations victimes des persécutions, l’idéologie nazie, les collaborateurs et les séquelles du génocide. Vous trouverez une définition de l’Holocauste dans la fiche « Connaissances fondamentales » de notre guide Premiers repères.

2. Présentez ce qu’est l’antisémitisme à travers des exemples concrets.

L’antisémitisme existe sous diverses formes depuis des millénaires. Si l’Holocauste en est l’exemple le plus communément connu de l’histoire contemporaine, les élèves doivent toutefois le comprendre dans le contexte plus large de l’histoire de l’antisémitisme. Pour plus d’informations sur l’antisémitisme, le judaïsme et le peuple juif, consultez le Guide canadien sur la définition opérationnelle de l’antisémitisme établie par l’AIMH.

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Claire Baum, Le Colis caché

3. Montrez de l’art, de la poésie, des photographies et des représentations qui évoquent la perspective des Juifs.

Quelles images vous viennent à l’esprit lorsque vous pensez à l’Holocauste ? Vous vous souvenez probablement de ces photographies notoires : des corps émaciés dans des baraques, des détenus en uniformes rayés, des personnes derrière des clôtures de barbelés, les rails d’une voie ferrée menant à l’entrée d’Auschwitz-Birkenau, des amas de cadavres, des croix gammées. La liste de ces images explicites et choquantes est longue. À présent, répondez à ces questions : de quelles couleurs sont ces images ? Qui les a prises ? 

Ce sont des photographies en noir et blanc, prises le plus souvent par les bourreaux, qui sont le plus fréquemment présentées lorsque le sujet de l’Holocauste est étudié. Or, si nous ne montrons que des images qui reflètent la perspective des agresseurs, nous contribuons à perpétuer leur point de vue. Alors, comment aborder cette problématique ?

Même si ces représentations permettent de documenter les atrocités commises durant le génocide, leur utilisation dans le cadre de l’enseignement de l’Holocauste doit s’accompagner d’une analyse critique, notamment de l’origine de l’image, du contexte où elle a été prise, et de l’objectif et des principes éthiques qui régissent son usage à des fins d’apprentissage. Ces considérations peuvent donner lieu à des discussions enrichissantes, mais convenant davantage aux élèves plus âgés.

Lors de vos activités d’apprentissage dans les classes de 6e, 7e et 8e année, il est fondamental d’intégrer des ressources qui évoquent le point de vue des Juifs. L’utilisation de supports éducatifs qui reflètent cette perspective permet de placer l’expérience des victimes au centre de l’apprentissage. L’être humain est alors présenté tel qu’il se perçoit, plutôt que de la façon dont l’agresseur l’a perçu. Il existe de nombreux exemples de poésie, de musique, de peintures et de dessins réalisés par des Juifs durant l’Holocauste. La série de lettres et d’illustrations réalisées par l’auteure-survivante Claire Baum durant la guerre n’est qu’un exemple parmi d’autres pouvant être consultés sur notre ressource numérique Re:Collection.

Tout le matériel présenté aux élèves dans le cadre de vos unités d’apprentissage sur l’Holocauste doit être sélectionné délibérément, de manière ciblée et à des fins éducatives. Les illustrations choquantes et explicites ne devraient pas être utilisées dans des classes de 6e, 7e et 8e année. 

4. Abordez le rôle et la réponse du Canada durant l’Holocauste (ses actions et ses inactions).

Pour les élèves canadiens, il est essentiel de connaître non seulement la réponse du Canada aux événements de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi la situation qui prévalait au pays au moment de l’Holocauste. Cela inclut les restrictions à l’immigration, les politiques antisémites au Canada, l’histoire du paquebot Saint-Louis et la contribution de l’armée canadienne à la Libération.

5. Choisissez des thèmes appropriés à l’âge de vos élèves et évoquant le contexte historique.

Il existe de nombreux thèmes qui conviennent à l’enseignement de l’Holocauste dans les classes de 6e, 7e et 8e année, notamment la clandestinité, la fuite, le sauvetage et la résistance. Les élèves peuvent également explorer les thématiques suivantes :

a. La vie des Juifs avant la guerre

Dans leurs mémoires, les auteurs-survivants racontent souvent leur vie avant la guerre : s’ils vivaient dans une grande ou une petite ville, s’ils étaient pratiquants ou laïques, s’ils avaient des amis juifs ou non-juifs ; ils décrivent des recettes familiales et les loisirs auxquels ils s’adonnaient. Ces souvenirs d’avant-guerre permettent de mettre l’expérience humaine au premier plan et de traduire les statistiques en récits personnels.

b. Le contexte historique du pays d’origine du survivant ou de celui où il se trouvait durant la guerre

Le contexte historique reflète la chronologie propre à chaque pays : un survivant né en France aura un parcours très différent de celui originaire de Hongrie, de Pologne ou de Belgique.

c. Les répercussions des mesures antisémites sur les citoyens juifs

Le caractère antisémite de l’idéologie nazie est reflété dans les récits des survivants lorsque ceux-ci témoignent des répercussions qu’ont eues les mesures antisémites sur leur propre vie : ils ont peut-être dû porter l’étoile jaune, changer d’école, quitter leur maison ou se cacher. En découvrant les histoires des survivants, les élèves prennent conscience de quelles façons les mesures visant à persécuter les Juifs ont été instaurées et ont transformé leur quotidien.

d. L’immigration et la vie au Canada

Malgré les différences dans leurs parcours et les détails fournis, la plupart des survivants décrivent également les événements qui ont mené à leur émigration et racontent leur établissement et leur vie subséquente au Canada.

Tous les thèmes ci-dessus peuvent être explorés à travers les témoignages de survivants. Nos mémoires classés 11 ans et plus traitent de sujets qui conviennent aux élèves de 6e, 7e et 8e année. Ces ouvrages vous permettent d’aborder bon nombre de thématiques sans pour autant les enseigner dans les moindres détails.

Les thématiques à réserver pour les années scolaires ultérieures : 

Vous n’êtes pas tenus d’enseigner l’Holocauste de manière exhaustive dans les classes de 6e, 7e et 8e année. Bien que les directives des programmes d’études ne précisent pas toujours les thèmes que vous devez inclure dans vos activités d’apprentissage sur l’Holocauste, il est possible d’enseigner les connaissances fondamentales sans pour autant traiter de sujets trop explicites ou choquants. Les thèmes ci-dessous sont à réserver aux élèves plus âgés du secondaire ou aux étudiants de niveau postsecondaire :

  • le contexte politique qui a permis l’accession au pouvoir de Hitler ;
  • les lois de Nuremberg ;
  • les conditions de vie dans les ghettos ;
  • les déportations des ghettos vers les camps ;
  • les camps de concentration ;
  • les Einsatzgruppen (les unités mobiles de tuerie);
  • la «Solution finale»;
  • les «marches de la mort»;
  • les centres de mise à mort, les chambres à gaz et les fours crématoires ;
  • les images explicites et choquantes, évoquant la perspective des bourreaux.

Si vous devez tenir compte de ces sujets, ils ne doivent pas être au cœur de votre unité d’apprentissage sur l’Holocauste dans les classes de 6e, 7e et 8e année.

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Vous aurez forcément dans votre classe des élèves qui auront déjà des connaissances sur l’Holocauste et qui, afin d’en savoir davantage sur le sujet, s’intéresseront à des thématiques qui dépassent leur niveau de maturité. Dans ces cas, proposez-leur un cadre bien défini dans lequel explorer certains sujets.

Ces élèves souhaiteront peut-être partager leurs connaissances sur l’Holocauste durant vos activités d’apprentissage. Il se peut que les informations ainsi relayées soient erronées. Si c’est le cas, ce sera pour vous l’occasion de les corriger d’une manière adaptée à l’âge de vos élèves et de souligner l’importance d’utiliser des sources fiables.

Si un ou une élève entame ses propres recherches sur l’Holocauste au-delà des apprentissages que vous avez prévus, vous pouvez remercier cette personne de l’intérêt qu’elle porte à cet événement important de l’Histoire et lui rappeler que ce sujet sera abordé à nouveau dans les cours d’histoire des années scolaires subséquentes. Nous vous invitons également à partager des liens vers des sources fiables avec les parents et les tuteurs de l’élève pour qu’ils puissent l’accompagner dans ses recherches, le cas échéant.

Consultez la liste de nos ressources adaptées aux classes de 6e, 7e et 8e année : L'enseignement de l'Holocauste dans les classes de 6ᵉ année.

Si enseigner l’Holocauste à des élèves de 6e, 7e et 8e année vous semble délicat, sachez que nous sommes à votre disposition pour vous aider. N’hésitez pas à nous contacter par courriel si vous avez la moindre question.

¹ Les 7e et 8e années correspondent au 1er cycle du secondaire au Québec.