Chapitre 1

Pris pour cible

Berlin, 1933. Un élève assistant à un cours de mathématiques dans sa ville natale ouvre son manuel et y découvre la première équation :

« Les Juifs sont des étrangers en Allemagne. En 1933, le Reich allemand compte 66 060 000 habitants, dont 499 682 Juifs. Quel est le pourcentage d’étrangers ? »

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Cinq enfants lisent un album dont le titre en allemand forme une arche au dessus d’un champignon doté des traits exagérés d’un homme.

Des enfants allemands lisent le livre antisémite Der Giftpilz (le champignon vénéneux ; publié en 1938), les mettant en garde contre les dangers supposés que représentent les Juifs.

Archives de la ville de Nuremberg, E 39/I no 2381/5.

Cette question figurait dans un manuel de mathématiques de l’Allemagne nazie. Les nazis avaient recours à ce genre de méthode pour propager l’idée que les Juifs et les groupes minoritaires d’Allemagne étaient inférieurs et n’y avaient pas leur place. Des préjugés négatifs sur les Juifs étaient également véhiculés, notamment à travers des images, sur les affiches et dans les journaux, films et toutes sortes d’autres médias. Parallèlement, on vantait les mérites des « Allemands de souche » dans des défilés et des chansons. Une bonne proportion de la jeunesse allemande a accepté volontiers ces idées et adhéré à des groupes de jeunes nazis.

Dans chaque pays sous le joug nazi, des informations mensongères et partiales étaient diffusées pour influencer les populations. Cette propagande venait alimenter l’antisémitisme ambiant. Les élèves juifs étaient montrés du doigt et faisaient l’objet d’une discrimination de plus en plus forte de la part de leurs camarades de classe et de leurs enseignants.

Quelles formes cette propagande prenait-elle et comment affectait-elle les élèves juifs ?

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Le nazisme au quotidien

01:10

Contrôler la culture et les médias

Des groupes d’étudiants nazis ont brûlé des dizaines de milliers de livres d’auteurs juifs et socialistes, et s’employaient à détruire tout autre ouvrage critique à l’égard du régime nazi.

L’objectif de ces actions était d’influencer la culture allemande et de faire taire les voix qui divergeaient des théories nazies.

« Indésirables »

« À l’école, certains enseignants nous désignaient comme des indésirables et s’assuraient que le reste de la classe comprenne bien la différence entre les Allemands blonds aux yeux bleus et l’image du Juif obséquieux au nez crochu véhiculée par la propagande […] [L]es maîtres d’école se sont mis à encourager leurs élèves à dénoncer les parents qui n’adhéraient pas à la nouvelle politique des nazis. Ils racontaient aux élèves que, si ces derniers venaient à surprendre une conversation où l’on critiquait le Führer ou le parti nazi, que ce soit chez eux ou ailleurs, ils devaient faire preuve de patriotisme et signaler pareilles déviances. »

Le saviez-vous ?

En 1932, environ

14 %

des enfants juifs d’Allemagne fréquentaient des écoles juives. En raison de la montée de l’antisémitisme dans le pays au cours des années suivantes, de nombreux élèves juifs ont été harcelés par les enseignants et les élèves des écoles publiques, et ont souvent été contraints de quitter ces établissements.

En 1937, environ

60 %

des enfants juifs d’Allemagne fréquentaient des écoles juives.

Lavage de cerveau

1:22

« Les élèves de ma classe me harcelaient en me lançant d’un air méprisant : “Il n’y a pas de place pour toi ici […] Nous n’avons pas besoin de toi. Tu es responsable de tous nos problèmes.” Ils se déchaînaient, et il m’était devenu impossible d’étudier ou de me trouver en leur présence […] J’ai annoncé à mon père que je ne voulais plus fréquenter le Gymnasium public, que je n’en pouvais plus. »

La propagande antisémite dans les pays sous occupation nazie

Lecture

Coupé de ses amis

00:54

Après l’occupation de sa ville par les nazis, Nate Leipciger a remarqué un changement de comportement chez ses amis.

La peur à l’école

« Nous vivions une situation intenable, car les élèves et les professeurs non juifs n’avaient que du mépris pour nous. Nous étions si terrifiées par les élèves que nous courions nous réfugier dans les toilettes au moment de la récréation, et nous nous y cachions jusqu’à ce que la cloche sonne. C’était le seul moyen que nous avions trouvé pour éviter les continuels sévices. »

Marqués

Entre 1939 et 1945, les Juifs vivant dans les territoires sous occupation nazie étaient tenus de porter un insigne ou un brassard arborant une étoile de David afin de les identifier et de les séparer des « Aryens ». Ils devaient porter cet insigne dans les lieux publics à tout moment. En marquant les Juifs de la sorte, les nazis pouvaient plus facilement les contrôler et les persécuter.

L’étoile jaune

00:22

Persécutée

« Je me rappelle le sentiment d’être devenue une cible livrée aux pires instincts avides de s’attaquer aux êtres sans défense […] J’étais marquée, même si mes yeux, mes cheveux, mon visage et mon corps ne se distinguaient pas particulièrement de ceux des autres jeunes Roumaines ou Hongroises […] Il aurait donc été difficile de reconnaître que je faisais partie de cette population prétendument dangereuse et maléfique, responsable de tous les malheurs du monde. Mais nos bourreaux ont trouvé comment faire : nous porterions l’étoile jaune. Cet insigne, assez large et bien visible, même pour ceux dont la vue était mauvaise, permettait de nous identifier. Les autres enfants savaient désormais à qui lancer des pierres ou donner des coups. C’était horrible… »

fiches

La propagande

En Allemagne, les jeunes ont été exposés à la propagande nazie sous de nombreuses formes. Cliquez sur « En savoir plus » pour vous pencher sur deux exemples. Veuillez noter que ces illustrations véhiculent des stéréotypes négatifs et inexacts.

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Chapitre 2

Chassés de l’école

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