Chapitre 1

« Comment s’est passée ta journée à l’école ? »

Les photos rassemblées dans ce chapitre montrent des élèves posant avec leurs frères et sœurs, en compagnie de leurs camarades de classe, réunis autour d’un livre ou aux côtés de leurs enseignants. Certains élèves sont souriants, d’autres ont l’air plus sérieux.

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Filles et garçons sont installés devant un bâtiment pour la photo de classe. Leur enseignante est assise au centre.

Zuzana Sermer (assise à gauche de son enseignante, au 2rang) sur la photo de sa classe de 4année. Humenné (Tchécoslovaquie, aujourd’hui en Slovaquie), 1934. 

Fondation Azrieli, avec l’aimable autorisation de Zuzana Sermer.

Ces jeunes ont été scolarisés avant l’avènement de l’Holocauste et de ses conséquences désastreuses.

Ils ont fréquenté des écoles publiques, des écoles privées et des écoles juives. S’ils ont vécu dans un monde qui n’existe plus, ils ont néanmoins connu l’école comme n’importe quel autre élève : il leur est aussi arrivé d’être fébriles le jour de la rentrée et de s’ennuyer en cours de mathématiques. Leurs parents nourrissaient des espoirs et des attentes à leur égard, et dès qu’ils avaient franchi le pas de la porte, on leur demandait : « Comment s’est passée ta journée à l’école ? »

Étudions quelques-unes de leurs réponses…

Une douce rentrée

« [J]’étais un jeune garçon heureux qui se rendait à l’école d’un pas assuré, une Zuckertüte à la main. Il s’agit d’un cornet rempli de chocolats et de bonbons destinés à rassurer les jeunes enfants le premier jour d’école, comme le veut la tradition allemande. Grâce à ces quelques douceurs, on cherche à atténuer le choc du passage de la petite enfance à la vie scolaire. »

Lecture

Des problèmes à l’école

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Enfant, Nate Leipciger a rencontré des difficultés à l’école.

La joie d’aller à l’école

« Je vais à l’école rue Saint-Bernard, à côté de l’église Sainte-Marguerite ! Je ne suis jamais en retard, bien que je sois la plus petite […]

Nous dessinons, nous colorions, nous comptons sur nos doigts, et quelquefois, lorsque nous sommes sages, [notre institutrice] nous distribue des images. Si nous ne faisons pas de bêtises, elle nous offre même des gâteries. Qu’est-ce qu’elle a été surprise de découvrir que je connaissais déjà l’alphabet ! Et que je pouvais le dire au complet ! Elle nous apprend à lire et à écrire. »

Elly Gotz poster

Le goût d’apprendre

00:26

Un livre pour un garçon de la campagne

« En dehors du héder, j’adorais avant tout Reyshis daas (principe du savoir), un livre pour enfants en hébreu avec de magnifiques illustrations en couleurs que mon père m’avait offert un peu avant 1939, au retour d’un de ses voyages. C’était à l’époque où nous faisions encore partie de la Pologne. Ce livre, le seul ouvrage pour enfants que je possédais, présentait un monde que je n’avais jamais vu en vrai, un monde dans lequel les enfants portaient de beaux souliers et vivaient dans de grandes villes. »

Les attentes des aînés

« [L]orsque mon père rentrait du travail, il me demandait souvent ce que j’avais étudié ce jour-là. Il était très studieux – il connaissait presque par cœur l’Ancien Testament et le Talmud – et il m’interrogeait sur ce que j’avais appris à l’école. Je n’appréciais pas ses questions, car j’avais l’impression de faire des devoirs. Pour couronner le tout, mon grand-père s’y mettait lui aussi parfois. Si j’ignorais la réponse, l’expérience était des plus désagréables… Je n’aimais guère étudier et détestais subir les interrogatoires de mon père et de mon grand-père. »

Le saviez-vous ?

Historiquement, à l’instar des filles du monde entier, les filles juives ont eu un accès restreint à l’éducation, contrairement aux garçons. Bon nombre d’entre elles ont ainsi été instruites à la maison. Toutefois, au milieu du XIXe siècle, les jeunes de nombreuses régions d’Europe étaient désormais tenus d’aller à l’école. Ainsi, il est devenu plus courant pour les filles juives de fréquenter les écoles publiques ou les écoles juives privées.

Les jouets de la maternelle

« À l’école, j’adorais les jouets rangés dans l’armoire vitrée : des étagères de poupées, de cubes en bois et de montures qui n’étaient autres que des manches à balai surmontés de têtes de chevaux en plastique peintes avec des dents et de grands yeux. Chaque garçon en avait un et ils galopaient en cercle, chevauchant les manches à balai […] J’aurais aimé m’amuser aussi avec les chevaux, et pas seulement avec les poupées et les cubes. Mais j’appréciais les jouets dont nous disposions, car à la maison, je n’en avais aucun. »

Préférer la lecture aux mathématiques

« Nous avions quotidiennement la même conversation : “Comment s’est passée ta journée à l’école ? me demandait-il.

– Très bien, papa. Quand l’enseignante nous donne un problème de mathématiques à résoudre, je note les données et ma camarade fait les calculs. Elle ne fait jamais d’erreur. Elle est bonne en mathématiques et je suis bonne en polonais. Nous obtenons d’excellentes notes.

– Ma fille, tu n’apprendras jamais de cette façon. Demain, tu résoudras toi-même le problème de mathématiques, tu feras seule les calculs.

– Mais je suis incapable de me rappeler tous les chiffres !

– Tu connais pourtant nombre de chansons et de poèmes par cœur.

– Oui, mais c’est parce qu’ils riment. Tu vois, je me souviens très bien que six fois six font trente-six et que cinq fois cinq font vingt-cinq. Tout le reste est très difficile.

– Tu peux apprendre si tu le veuxˮ, répondait-il toujours d’un air sérieux. »

fiches

La valorisation de l’apprentissage

Dans une petite ville de Pologne, un père enveloppe son jeune fils d’un châle de prière. Avançant sur un chemin de terre, il mène pour la première fois son fils à l’école religieuse. Sur place, le garçon lèche le miel des lettres hébraïques écrites au tableau. Cette cérémonie traditionnelle permet aux enfants d’associer l’apprentissage à la douceur.

Cette scène, qui s’est répétée tout au long de l’histoire juive, montre la place centrale qu’occupe l’éducation dans la culture juive. Découvrez comment le goût de l’apprentissage s’est transmis de génération en génération.

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Chapitre 2

Conflits et communauté

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